Il y a un paradoxe chez les défenseurs de la Superligue européenne. D’un côté, ils dénoncent le cadre monopolistique de l’UEFA en Europe, mais, de l’autre, ils vénèrent le modèle sportif nord-américain. Ils le jugent formidable et magnifique, avec ses ligues fermées et ses outils de régulation exotiques. Mais, détail savoureux, ce modèle américain existe grâce à une décision sur les monopoles de la Cour Suprême de 1922 accordant à titre dérogatoire le droit de ne pas respecter les règles anti-trust sur les marchés servant « le bien-être social ».
On accepterait ainsi à l’un ce que l’on refuserait à l’autre ? L’UEFA dispose d’un monopole anti-trust. La « spécificité du modèle sportif européen » est garantie depuis une décision politique entérinée en 2007 dans le cadre de l’article 165 du Traité de fonctionnement de l’Union européenne. À ce titre, l’UEFA, comme les ligues nord-américaines, bénéficie d’un pouvoir autonome de régulation. Elle peut autoriser les contrats à temps, empêcher des formes de diktat des clubs sur les joueurs, protéger les clubs amateurs ainsi que les joueurs mineurs. Grâce à ce monopole de droit, la fédération européenne de football garantit une équité permanente dans la répartition des mannes financières au plus grand nombre. Cette prérogative n’est d’ailleurs contestée que par quelques-uns, qui jugent irrecevable cet idéal de partage et de solidarité.
Géants d’un jour
À les entendre, il faudrait privilégier des compétitions élitistes et remettre en cause les principes d’égalité et d’ouverture pourtant chers à nos championnats continentaux. Ces partisans de l’ultra-libéralisme admettent donc que le succès sportif ne reposerait que sur l’action individuelle. Chacun serait seul responsable de ses actes. Sur un terrain, in fine, les victoires ne seraient que la conséquence du mérite individuel. Or, ils oublient les mécanismes d’héritage, de transmission, de captation des droits TV ou de...
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