J.-M. F. : On est tous un peu paranoïaque. Les résultats sont devenus très importants dans notre métier. Au XXe siècle, les Guy Roux, Raynald Denoueix et autres restaient longtemps en place. Au XXIe, c’est différent. On finit tous par se faire virer, alors qu’on essaie de mettre en œuvre un projet. Forcément, il y a beaucoup de souffrance, beaucoup de névroses derrière tout ça. Moi, par exemple, durant mon passage à Brest, j’ai fait une dépression.

C’est le métier qui t’a rendu malade ?

J.-M. F. : Oui. J’ai commencé par une arythmie cardiaque. J’avais des pulsations qui augmentaient tout le temps. Parfois, même, quand j’étais sur le terrain. Ensuite, ça a déclenché une dépression. Tout se passait très bien au club. Pourtant, je me sentais en très grande souffrance, pendant les causeries notamment. Alors, je me préparais dur. Grâce au médecin, Michel Kergastel, j’ai traversé cette période sans m’arrêter. Il m’a soigné d’une façon remarquable. Quand j’arrivais à l’entraînement, j’étais requinqué. Mais, en dehors de l’entraînement, c’était plus compliqué. Quand tu as derrière toi vingt ou vingt-cinq ans de métier, c’est dur. Des gars ont même complètement abandonné le foot parce qu’ils étaient trop en souffrance. D’autres arrivent à garder beaucoup de recul. Je les admire. Un mec comme Lucescu, il a entraîné jusqu’à 79 ans. Tu te rends compte ?

C’est quoi, le plus difficile ? La relation avec le public, les joueurs, les adjoints, les dirigeants ?

J.-M. F. : Je règle toutes mes séances moi-même. Certains laissent ce travail aux adjoints. Pourquoi ? Parce qu’en plus, il faut gérer les joueurs, le staff médical, le staff technique. Au total, 35 ou 40 personnes, qui ont toutes des personnalités et des aspirations complètement différentes. Avec les joueurs, j’ai rarement des problèmes. Je suis en phase avec...