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La cage aux fous Abonnés
Le 15 mai 2024
Ces quelques pointillés devant le banc de touche rappellent que les entraîneurs ne sont pas faits comme nous. La zone technique est une cage à dingos.
La cage aux fous

La « surface technique », ou « zone technique », extension parallélépipédique du banc de touche marquée au sol par des tirets, est à première vue une consécration de la figure mythique de l’entraîneur. Du staff et des joueurs qui ne jouent pas, il est le seul debout et il a son domaine réservé. Oui, la surface technique est la preuve de son prestige. On lui attribue plus qu’un point de vue. Le grand stratège a une zone d’influence, une bulle pour méditer. Sur un trône-glacière, même, si l’envie lui en prend. Il est le roi de son monde. À l’écart des reclus du banc. À l’expressif Guardiola, il ne manque que la baguette pour être chef d’orchestre.

Si l’un de ses assistants veut échanger deux mots avec lui, il s’aventure dans cette surface avec appréhension. Dans les faits, c’est plutôt l’entraîneur qui fait le chemin vers eux. Le patron se met à couvert quelques secondes. Il peaufine alors ses plans, en compagnie d’un subalterne pour qui la lumière est trop éblouissante. Puis, le coach retourne à son territoire sacré. On ne peut mieux sanctifier cette propriété privée qu’en citant Antony Gautier, directeur de l’arbitrage français : « Un entraîneur qui entre dans la surface technique de l’adversaire commet un acte répréhensible et mérite un jaune. » 1

L’entraîneur en son jardin

En comparaison, le rectangle vert appartient à tous, ou presque. Vingt-deux joueurs et un arbitre y cohabitent comme ils peuvent, en quête d’un petit ballon et de grands espaces. Tour à tour, ils s’esquivent, se télescopent ou s’égarent, telles des autotamponneuses à la foire – tandis que le manager évolue littéralement dans son jardin. Un petit jardin à la française, à la géométrie étalonnée : « La surface technique ne doit s’étendre, sur les côtés, qu’à 1 m...

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