Je suis un journaliste à l’ancienne. Je présente, je commente, je débats. Bien sûr, il m’est arrivé, comme d’autres, de sortir des scoops, de faire des coups. Mais le mercato est un jeu de dupes, je ne m’y aventure plus. Un vieux con avant l’heure ? Peut-être. Mais j’assume mon fonctionnement, s’il me met à l’abri de la grosse entourloupe. De toute façon, je ne pourrai jamais concurrencer en rapidité la nouvelle génération, qui plonge sans retenue dans le monde des agents et est capable de pondre dix infos sur le sujet par jour. Ils s’appellent Mohamed Bouhafsi (époque RMC), Fabrice Hawkins (RMC également), Hugo Delom et Loïc Tanzi (L’Équipe) ou Fabrizio Romano à l’international. Ils sont accrocheurs, vifs, d’une détermination admirable. Intégrés dans un réseau colossal d’agent, ces as du scoop mercato m’ont pris de vitesse. Ils ont de la méthode et de la pugnacité. J’ai rendu les armes.

Ils ne fonctionnent pas différemment des autres journalistes, mais s’appuient sur un réseau d’intermédiaires. Des journées entières smartphone en main pour obtenir, de l’un ou de l’autre, l’info tant attendue, si possible avant les autres. Entre l’agent et le journaliste, la relation est tumultueuse. Les intérêts divergent, souvent. Mais convergent, parfois. « Construire une relation de confiance, explique Yvan Le Mée, agent bien connu de la place européenne. Il faut avoir une relation avec les médias. Moi, je communique avec Marca, AS, la Gazetta, Bild ou Tuttosport. On a des joueurs dans tous les pays. Notre métier est un métier d’information et de traitement de l’information. » Avant d’ajouter que « les journalistes nous appellent sans cesse pendant les périodes de mercato, ça prend beaucoup de temps. On échange, on discute. Ils ont besoin de nous, nous pouvons aussi avoir besoin d’eux. Mais si tu donnes une info en expliquant...