Les années 1990 ont été la décennie prodigieuse d’une Serie A littéralement über alles. Outre la qualité intrinsèque de ses clubs, de ses joueurs et de ses entraîneurs, son vertigineux palmarès européen 1990-1999 a assis son statut incontesté de premier championnat mondial. En Ligue des champions, trois victoires sur huit finales disputées, avec en point d’orgue différé le clash 100 % italien de la C1 2003, Milan-Juve. En Coupe UEFA, sept victoires sur neuf finales, dont quatre 100 % italiennes. Et en Coupe des vainqueurs de coupe, trois victoires sur quatre finales. Cet âge d’or doit beaucoup aux grands presidenti, propriétaires uniques ou actionnaires majoritaires, qui, à la façon des mécènes de la Renaissance italienne ou de la gentry anglaise, lords, grands financiers et industriels, entretenaient un club de sport.
Exerçant sur une longue durée une gouvernance souvent familiale, ces condottieri avaient pour noms Massimo Moratti, fils du président Angelo (Inter), Silvio Berlusconi (Milan AC), Sergio Cragnotti (Lazio Rome), Mario Cecchi Gori, puis son fils Vittorio Cecchi Gori, associé à sa mère Valeria (Fiorentina), Calisto Tanzi (Parme), les Mantovani père et fils, Paolo puis Enrico (Sampdoria), Franco Sensi (AS Roma), sans oublier la très aristocratique dynastie Agnelli, qui confiait jusqu’à il y a peu la gestion de la Juventus à des présidents-délégués. Les années 1990 furent aussi celles des grands constructeurs italiens de Formule 1, Agnelli-Fiat (écurie Ferrari), Flavio Briatore (Benetton), Giancarlo Minardi (Minardi) ou Guido Forti (Forti Corse).
La chute de l’empire
Souvent capitaines d’industries à l’ancienne (pétrole, automobile, agroalimentaire ou médias et cinéma, deux originalités transalpines), ils incarnaient l’excellence du made in Italy, exaltant à la fois les couleurs régionalistes des principautés d’antan et le patriotisme de la réussite bianco-verde-rosso. Sans oublier de s’assurer la paix sociale dans leurs entreprises (à la Fiat des Agnelli) ou de valoriser...
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