Hôtel Four Seasons Marunouchi, centre-ville de Tokyo, 4 août 2003. Matinée d’été. Les pins du Palais impérial voisin embaument. À l’étage, Beckham, Ronaldo, Zidane et Figo se reposent dans leurs chambres. En bas, on sert le thé. Florentino Pérez est heureux. Il porte des chaussures noires anonymes de fonctionnaire du ministère des Travaux publics, ni très cirées ni sales, ni soignées ni négligées. Sa cravate bleu marine, sa chemise bleu clair, son costume bleu foncé sont identiques à ceux de la veille, du mois précédent, de l’année précédente. La répétition délibérée dissipe les doutes : « Je ne perds pas mon temps à réfléchir à ce que je vais porter », explique-t-il. La pensée est concentrée sur l’essentiel. La conversation est informelle. Rien d’officiel.
« Président, quel est votre plat préféré ?
- Œufs au plat avec pommes de terre et Coca-Cola.
- Président, pourquoi avez-vous signé Beckham ?
- Parce que les meilleurs doivent jouer au Real Madrid. Les idées les plus simples sont celles qui fonctionnent le mieux. Si vous devez donner une explication, c’est que vous avez merdé quelque part. »
Du Krishnamurti dans le texte.
De Madrid à Pearl Harbour
À l’été 2003, Florentino Perez sait très peu de choses sur le football. Trois ans plus tard, il présente sa démission, après avoir perdu le contrôle d’un vestiaire déchaîné. C’est une blessure profonde, dont l’homme d’affaires le plus puissant d’Espagne ne sort pas indemne. Il revient en 2009 avec plus de force, plus de pouvoir, plus d’argent, plus de convictions aveugles sur le contrôle des institutions et les principes de coexistence au sein du club : les joueurs ne méritent aucune compassion. « Florentino dit que les footballeurs sont ce qu’il y a de pire dans le football », rapporte l’un de ses amis.
Le Florentino...
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