Pas facile de se faufiler jusqu’à la grille. Au milieu des cartables flambant neufs, hier matin, il fallait avoir le cœur bien accroché pour ne pas vaciller. Il y avait ceux qui avaient tout prévu et venaient en convoi jusqu’à la porte, ceux qui tentaient un contournement par l’est ou ceux qui, les yeux rouge, retardaient l’instant fatidique. Le plus difficile, le jour de la rentrée, ce n’est pas la nouvelle classe, les nouveaux copains, la nouvelle année qui commence. Non, le plus dur c’est de faire un pas en retrait « allez bonne rentrée, ma chérie » et de lui lâcher la main. Cet instant est un vertige. On aime jamais autant les siens que lorsqu’il faut les laisser grandir loin de nos bras. On se résout tant bien que mal à mettre de la terre entre eux et nous. Telle est cette sorte d’amour étrange qui consiste à préparer toute sa vie son propre abandon. Le bisou du portail c’est l’aventure qui (re)commence.
Dimanche, la veille, on était prêt à grandir d’un coup. Il ne manquait plus qu’une ramette de papier A4 et les stylos à bille (6 bleus, 3 rouges, 3 verts, pas de stylos 4 couleurs). Le cartable déjà posé dans le couloir, les vêtements neufs (en promo) étaient prêts pour demain. Ce n’était pas notre première rentrée. Depuis le temps. Mais, quand même, il restait un petit morceau d’inquiétude tout au fond de l’optimisme. Comment sera l’instit ? Est-ce que sa copine M. sera enfin dans sa classe ? C’est quel jour la réunion parent-prof ? 24h avant la rentrée tout allait bien. Sauf qu’on ne parlait pas trop de la rentrée. Non, s’il-vous-plaît. On verra bien demain. Ne laissons rien paraître. On va lui sourire. Elle sera contente de rentrer. Tenez, pour se changer les idées,...
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