Pour les espagnols, le 14 juillet est ordinairement un jour parmi d'autres du calendrier. Tout au plus, ils se souviendront qu'il s'agit de l'anniversaire du quatrième sacre européen de la Roja. Celui qui les a vus se débarrasser de l'égalité de succès dans l'épreuve qu'ils partagaient avec l'Allemagne depuis douze ans. Mais pour nos deux héros, ce 14 juillet 2024 a revêtu une connotation particulière. Bien sûr, en tant que membres de l'équipe d'Espagne, ils ont fêté ce titre avec leurs coéquipiers dans l'allégresse (et la dignité, contrairement aux argentins). Mais espagnols d'adoption, ils n'en demeurent pas moins d'origine française. Autrement dit, ils ont célébré ce succès avec leur pays d'adoption le jour de la fête nationale de leur pays d'origine. Un pays d'origine qu'ils ne se sont pas privés d'écarter en demi-finale.

Comment en est-on arrivé là ? 

Comme souvent, pour comprendre, il faut prendre la machine à remonter le temps façon Christopher Lloyd et Michael J. Fox. Mais je vais établir leurs portraits croisés façon Roger Moore et Tony Curtis.  Aymeric Laporte est né le 27 mai 1994 à Agen. Dans la ville des pruneaux et du ballon ovale, ce petit-fils de basque choisit néanmoins de pratiquer le football. D'abord au SU Agen, dès l'âge de cinq ans, puis à l'Aviron bayonnais, quand il a quinze ans. Décidément, à quand l'émancipation totale par rapport au rugby ? Dès l'année suivante, en vérité, quand il franchit les Pyrénées et profite de sa généalogie pour intégrer l'Athletic Bilbao, connu pour sa politique de recrutement ultra-identitaire. Même si dans le passé elle fut encore plus stricte qu'elle ne l'est aujourd'hui. Il débute sous les couleurs basques sous les ordres de Marcelo Bielsa. Il restera sept longues années en tant que pensionnaire de l'Athletic, avant de faire comme énormément de talents bruts,...