Le football n’appartient plus à ceux qui le regardent. Jeudi dernier, la France n’a pas assisté à la conférence de presse du « capitaine de l’Equipe de France » (dixit lui-même) mais au décollage du Space X. Dans la cabine, un jeune homme de 24 ans, mine défiante, regard vif, se tenait devant une assemblée de spectateurs incrédules. Depuis des mois on parlait de cette mise à feu. Kylian allait partir du PSG. Oui, on s’était fait à l’idée. Mais partir quand ? Et surtout, vers quelle destination ? Paris, Madrid, Manchester ? Cet été ? L’été prochain ? Sûre de sa trajectoire, la comète s’agace devant les remous qu’elle a elle-même provoqué. Sa conf commence donc en forme de reprise d’une conversation entamée avec elle-même « j’ai déjà répondu à cette question (sic). Voilà… Mon objectif était de continuer au club, rester au Paris-Saint-Germain, c’est ma seule option pour le moment. (…) J’espère que les prochaines questions, elles seront portées (sic) sur le match parce que demain on a quand même un match d’éliminatoire sur l’Euro 2024 et je suis le capitaine de l’équipe de France ». Cette comète ne voyage pas dans l’espace. Elle voyage dans le temps.

L’hyperbole se dessinant au-dessus de nos crânes, on ne peut s’empêcher de mettre à l’épreuve nos cervicales. On plisse les yeux, on met les mains sur le front, on est ébloui. Le vaisseau s’éloigne mais, en même temps, nous rapproche des lointains. Ce petit point lumineux va bientôt disparaître. Prions pour qu’il n’explose pas en vol. Il ne nous reste plus qu’à faire confiance aux ingénieurs. Quand on a peur pour notre football, sa fragmentation incessante, sa porosité aux pires compromissions de l’époque, son invraisemblable faculté à rendre fou le moindre émir venu, la bêtise qui rôde, on s’assoit devant...