A chacun sa drogue. Avant un match, j’ai instauré un nouveau rituel. Dans la main droite une bouteille d’eau ou autre (selon l’heure), j’attends la compo. Je me commente à moi-même les choix des entraîneurs. Ils sont (souvent) lorientais, parfois italien, français, espagnol, tout dépend de l’heure et des libéralités qui peuvent être accordées à un père de famille en plein week-end. Si je suis accompagné, la conversation (c’est une condition non négociable) peut être engagée. Elle est tolérée. Après tout, on n’est pas des bêtes. On a ses loyautés. Mais, attention, aucun autre sujet que le match ne sera toléré. On ne parle QUE de CE match. Oui je sais, c’est un peu brutal. Mais c’est comme ça. Mon cerveau n’y survivrait pas. Oui, c’est promis, pas de conversation politique, pas d’anecdotes de bureau, aucune référence au dernier Houellebecq, ni à Oppenheimer (que j’ai pas vu d’ailleurs, donc merci de ne pas spoiler). Vous pouvez ranger vos vidéos Youtube et signer la décharge. Prenez place en tribune ou en salon, vous êtes ici chez vous.
La transcendance de l’ennui
Vivre un match est toujours une affaire étrange. Mettez-vous à la place de ceux qui n’aiment pas le football : qu’est-ce que ça peut bien faire de voir 22 types courir derrière un ballon ? Pourquoi nous mettre dans des états pareils pour des millionnaires dont on ne sait pas grand chose ? C’est vrai, à première vue, c’est bizarre et, en plus, il ne se passe jamais rien. Accordons-leur. Mais parlons-leur ensuite d’un autre miracle. La distance géographique, sociale, existentielle, semble tout à coup éradiquée par la proximité affective du match en direct. Regarder le football est une expérience sociale de la simultanéité de l’ennui.
La puissance de cette communion tient en une formule gagnante à (presque) tous...
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