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ÉDITO I L’inquiétant Erling Haaland Abonnés
Le 9 mai 2023
Il y a quelque chose de commun entre les machines qui font des phrases et celles qui mettent des buts : leur algorithme. Découvrez la chronique de Thibaud Leplat.
ÉDITO I L’inquiétant Erling Haaland

Le 54ème but d’Erling Haaland cette saison est aussi bizarre qu’une conversation avec chatGPT. Au début évidemment, on est émerveillé. La machine fait des phrases, répond parfaitement aux questions qu’on lui pose. On ne sait toujours pas à quoi tout ça peut servir mais on salue tout de même la prouesse technique. Comme avec Siri, son cousin, on se pique de lui demander plein de choses inutiles. On l’insulte un peu, histoire d’éprouver son mécanisme raffiné. Invariablement, la machine garde son calme et fait le job. Toujours de belles phrases, toujours cette froideur mécanique programmée pour satisfaire 200 millions d’utilisateurs par mois (un record depuis l’invention de la roue). Un vrai bijou. Le futur rangé dans une armoire.

Passons au football maintenant. Qui est le meilleur buteur de tous les temps ? « Le meilleur buteur de tous les temps est une question qui suscite beaucoup de débat parmi les fans de football. » répond-il, le zouave. Soit. Dis m’en un peu plus quand même « Cependant, selon les données disponibles, le joueur qui a marqué le plus grand nombre de buts en compétitions officielles est Josef Bican, un footballeur autrichien-tchèque (sic) qui a marqué plus de 805 buts tout au long de sa carrière professionnelle ». Les robots parlent donc comme Christian Jean-Pierre. La belle affaire. Mais qu’on nous présente un robot qui porte aussi bien le catogan qu’Erling Haaland. Ça, c’est une autre histoire.

Inquiétante étrangeté

Ou pas. Car il y a quelque chose de commun entre les machines qui font des phrases et celles qui mettent des buts. Un peu comme les clowns tueurs, les voitures qui parlent ou les enfants diaboliques, tout à coup, ce qui est mignon — ou au moins inoffensif — devient effrayant. Quand Haaland s’approche d’une cage, une impression d’impérieuse nécessité nous...

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