Samedi 15 septembre 2018. Strasbourg et Montpellier se séparent sur le score de 1 partout. Aux pieds du kop, les supporters débriefent, l’ambiance notamment. Depuis deux ans que la tribune existe, ils ont eu le temps de prendre leurs repères. De l’avis général, ce jour-là, la performance est honorable, mais loin, très loin, de l’atmosphère de douce folie qui régnait sur la Meinau après le coup franc de Dimitri Liénard dans les ultimes minutes d’une rencontre couperet pour le maintien, quatre mois plus tôt. Non, contre les Pailladins, c’est à un match typique du début de saison qu’ils ont assisté, sans grand enjeu et sans scénario accrocheur susceptible de transcender les foules. Comme l’examen de sortie du commissaire Bialès, c’est « bien, mais pas top ».
Pourtant, le lendemain, dans le quotidien sportif de référence, une partie du compte rendu du match est consacrée à la formidable atmosphère dans le stade et à son public si fervent. Ce sera le cas à plusieurs reprises au cours de la saison, au point de devenir un cliché, repris notamment par la chaîne cryptée qui détient les droits de la Ligue 1. C’est la consécration médiatique pour le public strasbourgeois, qui aurait poussé son équipe à se sortir des tréfonds du CFA2. Cette prophétie autoréalisatrice – l’observateur s’attend à trouver quelque chose, donc il en perçoit le plus faible signal – interroge sur la valeur des étiquettes qu’on accole à certaines villes ou régions, transformées en villes ou régions de foot selon des critères parfois nébuleux. À Strasbourg, le contraste est d’autant plus saisissant que dans les années 1980, 1990 et 2000, la réputation était inverse : la presse nationale disait du public local qu’il était froid et trop exigeant avec ses joueurs, au mieux nostalgique de l’époque Gilbert Gress, au pire xénophobe,...
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