Il fallait être à la fois le candide et l’ingénu pour croire qu’en quittant ses fonctions de président, fin 2019, Uli Hoeness allait refermer pour de bon le demi-siècle de sa vie au Bayern. En Bavière, le champion d’Europe 1972 et du monde 1974 avec la Mannschaft est bien plus qu’un ancien joueur illustre, qu’un chef charismatique, qu’un président, qu’un businessman ou qu’un décideur. Il est l’âme de ce club hors norme depuis le début des années 1970 et son arrivée d’Ulm, un peu plus à l’ouest, où il a débuté sa carrière.

La profondeur de ce personnage théâtral, on la mesure à son contact. Lorsque, avec RMC Sport, nous le rencontrons au siège feutré du Bayern, au printemps 2019, dans le cadre d’un documentaire sur Franck Ribéry, il emplit le fauteuil de son aura, de sa bonhomie, de son professionnalisme et de son paternalisme. « Franck est un homme qui prend vraiment des décisions avec ses tripes », lâche-t-il, comme s’il parlait de lui-même. Nous révélant qu’il était présent, dans le couloir, près de la salle d’opération, alors que l’une des filles de l’ancien joueur de Boulogne se faisait opérer de l’œil. Plus tard, alors qu’il est emprisonné pour fraude fiscale, le président bavarois a reçu la visite de Kaiser Franck. « C’était un geste noble, parce que ce n’était pas simple de venir, même en visiteur, salue Hoeness. Comme quelques autres, comme Pep Guardiola ou Matthias Sammer, il a fait en sorte d’obtenir une entrevue. Il est venu, et cela m’a incroyablement ému. »

Verbe haut, torse bombé

Plus récemment, Leroy Sané a eu droit aux mêmes attentions. « Quand Uli me dit quelque chose, j’écoute très attentivement, avoue l’ailier international allemand. Mon bien-être lui tient à cœur. » Hoeness est un animal politique, instinctif, entier. Qui pour...