
Tous les quatre ans, l’habitude veut qu’avant chaque Coupe du monde, comme on l’a vu en Allemagne, en Afrique du Sud et en Russie, ou chaque Euro, comme en Pologne et en Ukraine et en France, les articles se multiplient pour dénoncer une recrudescence de la prostitution, pour satisfaire les hordes de supporteurs. En Afrique du Sud, on prévoyait même que les préservatifs seraient en rupture de stock. Réalité ou légende urbaine ? Les Coupes du monde, les grands événements sportifs attirent-ils à ce point les travailleuses du sexe ? Et les supporteurs sont-ils tous des clients potentiels, portés sur le commerce des corps ?
C’était en tout cas l’avis de Raymond Domenech, cité par le Washington Post en 2006 : « C’est vraiment scandaleux. Les gens parlent des femmes, les importent pour satisfaire les bas instincts des personnes associées au football. Il est déjà assez humiliant pour moi que le football soit lié à l’alcool et à la violence. Mais là, c’est pire. Ce sont des esclaves qui vont venir et être mis dans des maisons… » Cofondatrice du Strass (Syndicat du travail sexuel), Maîtresse Gilda n’était pas de cet avis. À l’occasion de l’Euro 2016, elle critiquait l’amalgame entre sport, argent, sexe et prostitution : « Associer le sexe au sport, c’est un grand truc des médias… Mais d’imaginer que les supporteurs de foot […] soient des hordes de mâles en rut incapables de contrôler leurs pulsions et qui envahiraient les lieux de prostitution, c’est totalement délirant ! » Donc, le débat est ouvert. Mais que disent les faits ? Pour le savoir, remontons le temps, à travers quelques exemples.
Un « déluge » de prostituées
En 2006, avant et pendant la compétition en Allemagne, la presse craint une augmentation de la demande de services sexuels et un...
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