Je me souviens d’avoir entendu un grand OUUUUUUUUUH ! de la part du public », se remémorait José Luis Acciari dans So Foot Spécial Ronaldinho, à l’été 2017. Dans un Camp Nou médusé, ce 29 octobre 2003, sous les yeux ébahis du milieu du Real Murcie, Ronnie, néo-Blaugrana, avait improvisé un numéro insensé : une passe du dos à Rafael Márquez sur une longue relance à la main de Victor Valdés. Le 22 octobre 2005, lors de Barça – Osasuna, il avait récidivé : sur un centre d’Oleguer, côté droit, le numéro 10 brésilien, posté aux 20 mètres, avait exécuté une passe du dos orientée dans l’axe profond vers Giuly, soulevant aussitôt un grand AAAAAAAAH ! d’excitation dans le public catalan. La transe populaire était montée crescendo, jusqu’au moment où le lutin français s’en était allé battre le pauvre gardien, Ricardo, électrisant l’arène dans un rugissement orgasmique assourdissant.
Les grandes années de Ronaldinho pourraient se résumer à ces ahanements de plaisir, achevés en râles d’extase pure : « Ouuuuuh ! Aaaaaah ! », « Ouuuuuh ! AAAH ! », « OUUUUH ! AAAAAAAAAAAAAAAAH ! » Avouons-le, Ronnie a fait du Camp Nou (et d’autres stades) un immense baisodrome, où il jouissait en grand maître des bacchanales. Car son art érotique forcément participatif n’avait rien d’un vulgaire peep show nous transformant en vils mateurs. Non. On savourait sa frénésie orgiaque avec lui, on se pâmait pour lui dans un bonheur partagé : « J’aimais ce que je faisais et les autres appréciaient ce que je produisais, racontait Ronnie dans le numéro de So Foot à sa gloire. J’ai la satisfaction de m’être amusé tout en amusant les autres. J’imagine que les gens aimaient bien mon style, ma façon de vivre. Le bonheur, c’est que tout le monde autour de moi soit...
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