Le Brésil fait partie de l’histoire du football : introduit dans le pays par les Anglais dans la seconde partie du XIXe siècle, il s’est surtout développé grâce à l’immigration et aux classes populaires, les Britanniques lui préférant le rugby, son amateurisme et son élitisme aristocratique. Le football s’est diffusé dans les années 1910, avant de se structurer en clubs dans les années 1920. Création de championnats, vraie professionnalisation, entamée dès 1933, le Brésil était prêt à devenir le pays du football, qui, dans les années 1930-1940, se démocratisait et devenait partie prenante de la culture populaire. Ce sont les « dominées » qui lui ont conféré son identité brésilienne, héritée, selon le sociologue et écrivain Gilberto Freyre, des populations indiennes et noires, du métissage et de l’hybridation de la société. Cette identité était associée à la figure mythique du malandro, le voyou, sorte d’Arsène Lupin d’Amérique du Sud : le dribble, la feinte de corps, le beau geste, le joga bonito… étaient la traduction, sur le terrain, du mode opératoire de ce héros interlope.
Genèse d’un mythe
Depuis 1938 et la Coupe du monde en France, où le Brésil a ébloui l’Europe pour la première fois, notamment lors de la demi-finale jouée et perdue au Stade Vélodrome contre la Squadra Azzurra, les médias du monde entier décrivent son football comme exotique, musical et esthétique. Journaliste et ancien joueur, Lucien Gamblin raconte que les Brésiliens ne cessaient « de rire, de jongler avec le ballon, de dribbler à l’infini et de pratiquer un football compliqué pour amener le ballon devant les buts » (dans Histoire du football, de Paul Dietschy). Deux joueurs noirs en étaient les vedettes : l’attaquant Leônidas da Silva, inventeur...
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