Pas un boycott diplomatique ou politique : c’est un boycott populaire et médiatique qu’il faut défendre. Ne regardons pas une seule seconde de ce Mondial. D’aucuns me répondent, comme nos chers Daniel Riolo ou Thibaud Leplat, qu’il n’y a que lâcheté et hypocrisie dans cet appel, que cela ne servirait à rien, si ce n’est, égoïstement et aveuglément, à me donner bonne conscience et à satisfaire mes idéaux d’homme blanc occidental. Que refuser de regarder ou commenter la moindre rencontre reviendrait à hiérarchiser les valeurs et les cultures, à considérer que la culture européenne a plus de valeur que la culture qatarie. En refusant d’accepter les différences et en rejetant l’intégration des pays du Moyen-Orient dans le monde très fermé et très restreint du football, je ferais preuve d’ethnocentrisme, voire de racisme.
D’autres, comme le professeur Jean-Baptiste Guégan, expert en géopolitique du sport, considèrent, dans une formidable démonstration de realpolitik, que le boycott n’aurait aucune efficacité. Ce qui compte, au contraire, c’est de donner de la visibilité à l’événement, pour forcer le Qatar à changer. En braquant les yeux sur cet État grand comme la Corse, en le plaçant au centre du monde pendant trente jours, on inciterait ses instances à évoluer et à entamer les réformes recommandées par la communauté internationale.
La diplomatie ne peut pas tout
Selon ce dernier argument, autant confier immédiatement les prochaines éditions à l’Arabie saoudite ou à la Chine. Si l’on croit à la diplomatie du sport, pourquoi les tensions entre les États-Unis et l’Iran ne pourraient-elles être apaisées par un match de foot ? Pourquoi ne pas programmer la finale de Ligue Europa à Bakou, en Azerbaïdjan, afin d’en influencer le régime autoritaire ? Organisons même sur le champ, puisque l’on adhère pleinement à cet avatar du soft power, un match amical entre...
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