La simplicité d’accès au football, ses ressorts dramatiques, sa séduction télégénique sont à la fois la clé de son succès planétaire et sa malédiction. Ils l’ont mené vers une professionnalisation rapide, à la suite du kidnapping de ce loisir d’aristocrates britanniques par le prolétariat des cités industrielles. Cette professionnalisation a à la fois représenté un bienfait – permettant de pérenniser la pratique, de perfectionner le jeu, de l’enraciner profondément dans la société – et un fléau – créant un microcosme avide de profiter des effets secondaires de cette immense popularité. Sur le plan économique, certes, mais aussi sur les plans politique et social.
Bien entendu, il n’y a guère de sens à qualifier le football lui-même de politique. Il y eut une période, notamment dans les années 1970-1980, où certains se sont efforcés de distinguer entre football de gauche et football de droite. Franchement, c’était moyennement convaincant à l’époque, ça l’est encore moins aujourd’hui. C’est vrai aussi qu’il y eut la démocratie corinthiane de l’inoubliable Sócrates, mais cette belle anecdote d’un collectif humaniste n’a fait que démontrer que le football se prête davantage que d’autres sports à l’instrumentalisation politique. Le foot en soi, c’est évident, n’est pas plus politique que le badminton, le kayak ou le tir à l’arc.
Naturellement, les foules qu’attire le football, comme les flots médiatiques qu’il déclenche, ne peuvent que séduire les leaders politiques, toujours en quête d’une proximité affichée avec le peuple, cette entité indéfinissable, imaginaire, qu’ils voudraient réduire au singulier alors qu’elle n’existe qu’au pluriel. Alors, on les accuse de faire de la récupération, on les traite d’hypocrites, voire, injure suprême, de populistes. Pourquoi pas ? Après tout, ce mot aux contours flous est tellement élastique qu’il désigne tout et son contraire.
Le populisme, kézako ?
Une clarification conceptuelle s’impose. Cela tombe bien :...
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