Le football polonais ? Aux yeux de nombre de fans, surtout des plus jeunes, il se résume à Robert Lewandowski. Ballon d’Or, vainqueur de la Ligue des champions, meilleur buteur dans trois championnats différents, c’est notre super-héros, doté de superpouvoirs. On a attendu un tel joueur des décennies durant, depuis que Zbigniew Boniek a raccroché les crampons – bientôt quarante ans ! Pourtant, tout ce qu’il a réussi avec l’équipe nationale, c’est un modeste quart de finale de l’Euro 2016 et, tenez-vous bien, à sortir des poules au Qatar en 2022, grâce à une seule victoire, face à l’Arabie saoudite. Peu probable qu’il s’inscrive de la même manière dans la mémoire collective que, dans les années 1970, le Onze d’Or de Kazimierz Górski.
Ces derniers temps, la sélection a manqué de réussite, d’excitation, d’affection. Lewandowski a brièvement rallumé la flamme, rempli le stade national à Varsovie, fait naître l’espoir d’une nouvelle ère. Le temps qui passe a joué pour lui : les années 1970 sont loin et la plupart des fans du jour ne les ont pas vécues. Mais le renouveau tant attendu n’est pas au rendez-vous. Les années de gloire du foot polonais restent liées à la guerre froide.
Derrière le rideau de fer
À l’époque, chez nous, le football était pétri de contradictions. D’un côté, on n’était pas exposé aux dernières innovations de l’Ouest en matière de préparation physique. Sur les photos de ces années-là, 1960 et 70, les athlètes olympiques polonais boivent du lait et mangent des pâtes au petit-déjeuner. C’était considéré comme le mode de vie le plus sain.
De l’autre, dans les arènes internationales, les athlètes de l’Est dominaient souvent, triomphant du capitalisme « pourri ». Pour la propagande, c’était du pain béni. On s’en rend difficilement compte aujourd’hui, mais, de fait, il n’y avait...
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