Les raisons de posséder un club de football ont évolué au fil de l’histoire. Il y a eu des présidents paternalistes, au début du XXe siècle, comme à Lens, ou des présidents stratégiques, comme à Sochaux ou Turin, qui voulaient vendre des voitures. Il y a eu des entreprises télévisuelles dans les années 1980-1990, à Paris, Milan, Bordeaux… Puis des Trente Glorieuses du foot, marquées par la forte croissance économique, ont surgi de nouveaux profils de propriétaires aux intérêts autres : les milliardaires et les fonds souverains ont investi dans le football, mais toujours pour des raisons non pécuniaires. Aujourd’hui, en Europe, les clubs de Premier League dégagent des bénéfices, comme, dans une moindre mesure ceux de la Bundesliga et de la Liga, et des fonds de placement, notamment américains, arrivent en nombre. Le football est-il en train de changer, et ses présidents avec ?

Distinction FC

Historiquement, le football n’est pas destiné à faire de l’argent. Les présidents n’investissaient pas pour les profits. Le terme « sugar daddies », littéralement « papas gâteau », dit bien l’intérêt de ces hommes riches pour le ballon rond, prêts à investir, ou plutôt dépenser, d’importantes sommes d’argent pour construire une équipe : ils s’offrent une danseuse. La consommation ostentatoire des très riches n’est pas totalement satisfaite par les produits de luxe. D’autres biens doivent alors répondre au besoin de statut et de prestige sociaux, de pouvoir, de distinction, aurait dit Bourdieu. Rivalité pécuniaire, lutte pour la reconnaissance, voire désir d’éternité. L’économiste Thorstein Veblen a théorisé le concept d’ostentation, expliquant les comportements de consommation des plus aisés par la quête de reconnaissance et la rivalité pécuniaire : « Pour s’attirer et conserver l’estime des hommes, il ne suffit pas de posséder simplement richesse ou pouvoir ; il faut encore les mettre en évidence,...