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Multipropriété : le temps de l’amer Abonnés
Le 21 août 2023
La multipropriété rôde autour des clubs français comme un squale autour de poissons inoffensifs. Qui sera le sergent Brody du football européen ?
Multipropriété : le temps de l’amer

Tribunal arbitral du sport de Lausanne, 17 décembre 1999. Pour protéger l’intégrité des coupes d’Europe, les juges recommandent à l’UEFA d’interdire la participation à une même compétition de clubs qui partagent un actionnaire majoritaire. La jurisprudence ENIC est née, du nom de l’actuel propriétaire des Spurs, du Slavia Prague, de l’AEK Athènes ou des Rangers.

23 ans plus tard, le 15 mars dernier, Aleksander Ceferin, avocat-président de l’UEFA et défenseur autoproclamé des sans-grade, répond aux questions de Gary Neville, lui-même défenseur autoproclamé du prolétariat du ballon rond. Ceferin, c’est le sergent Brody des Dents de la Mer. Il va éradiquer les requins qui menacent l’écosystème du football européen. Son hôte est admiratif. Trop heureux de voir déguerpir les Glazer, il ne relance pas le Robin des Bois slovène quand celui-ci entrouvre la porte à un « assouplissement » de l’arrêt ENIC. Ceferin est-il le gentil sergent Brody ou le méchant maire d’Amity qui, pour sauver la saison touristique, préfère taire la voracité du squale ?

Rare en 1999, le requin-multipropriétaire s’est multiplié. Aujourd’hui, 180 clubs, employant plus de 5 000 joueurs, l’équivalent de dix Ligue 1, se partagent 40 propriétaires. Un tiers des équipes du Big 5, pour parler comme Vincent Labrune, sont membres d’un réseau. L’hémorragie financière post Covid et Mediapro est sévère : les fonds propres d’un tiers des clubs pros français étaient négatifs en 2021-2022. Le requin multipropriétaire a fondu sur ces proies trop dociles ou affaiblies pour se débattre.

Le squale bouffe tout. Un jour, il avale une poule pondeuse, comme Lorient. Son nouvel actionnaire, Bill Foley, qui a récemment acheté Bournemouth, a confié fièrement à The Athletic qu’il voulait faire des Merlus une « farm team », une pépinière qui lui servira à tirer vers le bas les coûts de transfert. Une vulgaire ligne d’ajustement...

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