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Le 24 juillet 2024
« Se faire plaisir », « prendre du plaisir », les acteurs du football n’ont plus que ce mot à la bouche. Jamais leur industrie n’a été si puissante. Jamais le plaisir n’a été aussi… obligatoire.
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L’histoire du football est un triste voyage du plaisir au devoir. » En 2003, dans son célèbre Football, ombre et lumière, Eduardo Galeano, écrivain et historien uruguayen, regrettait les temps d’avant. « À mesure que le sport s’est fait industrie, il a banni la beauté qui naît de la simple joie de jouer. (…) Le football professionnel condamne ce qui est inutile, et est inutile ce qui n’est pas rentable », écrivait-il. Ce qui était un jeu d’enfant s’est converti en une machine à faire cracher les adultes. Depuis la création du premier club de football, le Sheffield Football Club, en 1857, et l’avènement du professionnalisme, en 1885 en Angleterre, en 1932 en France, la question obsède les esprits purs.

Le jeu inventé par une poignée d’aristocrates anglais est devenu un métier. Pire, un divertissement. Les amateurs se sont peu à peu fait voler la vedette par les professionnels, les enfants par les adultes, les fidèles par les consommateurs. Conclusion implacable de Galeano : parce que le football a quitté le champ de l’inutile, c’est-à-dire de toutes ces choses gratuites qui ne servent qu’à satisfaire nos sens sans contrepartie commerciale, il a perdu son essence. Tel serait le crime de la modernité : les contraintes économiques ont placé le joueur (et l’amateur) sous l’empire de la rentabilité.

Tempête dans un short

Faisons un peu de philosophie. Qu’est-ce que le plaisir ? Au sens courant, le plaisir, c’est la satisfaction des sens. Il se distingue donc du bonheur (qui est un état général de l’être) et du désir (une tendance à chercher la satisfaction). Conformément à son étymologie latine (placare), le plaisir est d’abord un « apaisement ». Curieuse idée : la jouissance que je ressens ne serait donc pas vraiment une culmination, mais plutôt le soulagement d’un trouble préalable. Ce...

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