DANIEL RIOLO : Ma première question est très simple : l’identité est-elle une notion de droite ou de gauche ?
Manuel Valls : L’identité n’est ni de droite ni de gauche, chacun d’entre nous a une identité. Un pays, une ville, un club de foot ont forcément une identité.
DR. Pourquoi a-t-on le sentiment que ces vingt dernières années, l’identité a été abandonnée à la droite ?
MV. Le repli identitaire de ces vingt, trente dernières années est lié, parfois, à des mouvements nationalistes et régionalistes, donc perçus plutôt à l’extrême droite de l’échiquier politique. Pour certains, l’identité est contradictoire avec les valeurs universelles. La gauche n’a pas su comprendre ce qui se passait dans le monde après la chute du mur de Berlin : l’apparition de l’islam politique dans le monde, les attentats du 11-eptembre 2001, etc. Elle n’a pas été capable de percevoir ce qui se passait fondamentalement dans les sociétés : la peur de la globalisation, la peur de l’autre et donc un repli sur soi, notamment dans les classes populaires. La gauche est passée à côté de l’essentiel et c’est pour cela qu’elle est en crise aujourd’hui. L’identité n’est ni de droite ni de gauche, elle fait partie de ce que nous sommes.
« À gauche, il y a toujours eu cette idée d’étiquette, du procès en trahison »
DR. Vous êtes l’un des rares, à gauche, avec Jean-Pierre Chevènement, à avoir abordé ces questions. On vous l’a d’ailleurs beaucoup reproché au sein de votre famille politique.
MV. À gauche, il y a toujours eu cette idée d’étiquette, du procès en trahison, qui conduit ensuite à l’exclusion. Je ne me compare pas à lui, mais Clemenceau, parce qu’il gouvernait, était accusé d’être de droite par la gauche, y compris par Jaurès. Jaurès ne gouvernait pas, il...
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