La grande évolution de ces dernières années au niveau du recrutement concerne la généralisation de l’utilisation de la data, statistiques et algorithmes, dans la quasi-totalité des clubs, où elle prend une influence grandissante dans le processus décisionnel. La CAN 2024 sera bien couverte de ce point de vue, mais quid de tous les championnats domestiques et des compétitions de jeunes ? La particularité du continent africain est que la data y est aujourd’hui quasiment inexistante, ou inexploitable. Le niveau d’organisation des compétitions de jeunes, la qualité des terrains, la faible fiabilité des identités et états civils, les problèmes de connexion ou simplement le coût du matériel sont autant de raisons qui expliquent ce retard dans la récolte de données. Comment collecter de la data lorsqu’une grande partie des « académies » ne sont même pas déclarées dans leurs propres fédérations nationales ou que les identités et âges peuvent changer au gré des besoins pour correspondre aux critères des clubs européens ?

À l’ancienne

De ce fait, de Casablanca au cap de Bonne-Espérance, de Dakar à Nairobi, les recruteurs continueront d’avoir un terrain de jeu extraordinaire pour la recherche de la perle rare. Leur recette ? Deux ingrédients essentiels : le scouting à l’ancienne et le réseau. Le premier – l’observation physique de matchs et d’entraînements, de tournois ou de matchs de quartier – demeure la seule vraie opportunité de découvrir un crack non répertorié. Mais aussi, et surtout, à des tarifs de transfert défiant toute concurrence. La meilleure illustration récente est le Camerounais Carlos Baleba. Lors d’un des tournois annuels organisés par l’École des Brasseries du Cameroun, le joueur est repéré par Lille et Rennes. Le LOSC convainc le joueur et paye environ 500 000 € de transfert à l’académie camerounaise. Quelque six mois plus tard, Baleba fait ses débuts...