Black Lives Matter contre la discrimination raciale. LGBTQIA+ pour l’autodétermination sexuelle. Gilets jaunes pour la juste considération du capital travail. Youth for Climate pour une politique écologique mondiale. Internet a favorisé l’émergence et la diffusion de ces luttes, dont certaines transcendent les générations.
Dans ce contexte, il est surprenant de constater le peu de vagues soulevées par la Coupe du monde au Qatar. Droits des travailleurs immigrés, décès en série liés à la construction des stades, interdiction du drapeau LGBT, homophobie institutionnelle, relations sexuelles hors mariage proscrites dans certains hôtels, empreinte carbone démesurée, stades surclimatisés… tous les ingrédients d’un cocktail explosif sont pourtant réunis. Le ton monte timidement, de-ci de-là, mais on est encore loin du débat populaire et de la controverse nationale qu’avait, par exemple, suscitée le Mundial 78 sous dictature argentine. À l’époque, un Comité pour le boycott, une pétition de quelque 200 000 signatures, conduite par Roland Barthes et Jean-Paul Sartre, et même une tentative d’enlèvement, pistolet sur la tempe, de Michel Hidalgo avaient fait planer le doute sur la participation des Bleus à la compétition.
La gravité de la situation est inversement proportionnelle à l’indignation, toute relative, que suscite la Coupe du monde au Qatar. C’est frappant. Et ça interroge sur la nature des relations que nous entretenons avec ce pays, ainsi que sur la logique de fonctionnement d’une génération censée être celle de tous les combats.
Deux poids, deux mesures
Le 14 mai dernier, à l’occasion de la Journée contre l’homophobie, la France s’embrase à propos d’Idrissa Gueye, le milieu de terrain parisien, qui se fait porter pâle pour un déplacement à Montpellier. La raison, plus ou moins avouée ? Il ne veut pas porter un maillot spécialement floqué aux couleurs LGBT. Avalanche de gros titres, émoi de la classe politique, milieu associatif sur le...
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