Évoluer dans une société islamique comme la nôtre en tant que femme et footballeuse est très difficile » : dans cette phrase d’une footballeuse iranienne qui nous a demandé de ne pas citer son nom, l’expression « très difficile » relève de l’euphémisme, tant les obstacles et les contraintes qui lui sont imposées traduisent l’état général de la condition des femmes en Iran. Une condition marquée par une domination institutionnalisée et les impératifs d’un système politique qui fait de leur image, de leur corps et de leur statut sa principale raison d’être, son argument de marketing idéologique le plus manifeste.
D’un côté, les standards officiels valorisent l’image de l’Iranienne, cachée et silencieuse, mère sacrificielle et épouse dévouée à son foyer. De l’autre, le football met en scène les corps, l’effort physique et mental, des femmes en action sur un « terrain de mecs », qui hurlent, crachent et arborent à l’occasion un tatouage ou un bracelet aux couleurs arc-en-ciel. Le contraste est brutal, il n’est pas infondé : le foot a une charge symbolique considérable, haut lieu de résistances multiformes et miroir des sociétés. Pour l’État iranien, contrôler l’image des sportives est un enjeu (géo)politique de la plus haute importance. La moindre concession peut se muer en crise politique interne.
Le bruit des invisibles
Contrairement à ce qui se passe en France, dont l’approche médiatique a profondément changé depuis la dernière Coupe du monde féminine, en 2019, le football féminin est aux abonnés absents sur le petit écran iranien et dans la plupart des médias du pays. Pourtant, il suffit de faire un tour sur Instagram pour se rendre compte qu’en termes de popularité, certaines footballeuses iraniennes n’ont rien à envier aux Wendie Renard, Eugénie Le Sommer ou Sarah Bouhaddi, les stars de l’Olympique lyonnais, le club le plus titré...
Contenu réservé aux abonnés
86 % de ce contenu restent à découvrir !
Pour le consulter, vous devez vous connecter ou vous abonner.