À ce titre, le cas du maillot de foot est particulièrement saisissant. Conspué par la presse dandy dans les années 2010, son usage dans le civil est alors tout juste toléré en tribune, dans le kop précisément, sur les épaules des purs et durs. Et il faut être une star de la pop anglaise, s’appeler Damon Albarn (Blur) ou Liam Gallagher (Oasis), mais surtout pas Mickey 3D, pour éviter le goudron et la plume narquoise des chroniqueurs en costume preppy. Les autres, festivaliers des Vieilles Charrues, piliers de comptoir du 6 Roses ou étudiants en Staps ? Ce sont des ploucs, des cheap, des renégats de l’élégance, suintant dans du polyester mal taillé.
Mais v’là ti pas, comme on dit chez moi, que l’habit préféré des mal-fagotés est aujourd’hui celui des fashion-victims les plus influentes et des personnalités les plus en vue de la planète, de Kim Kardashian, arborant un maillot de l’AS Rome, au rappeur Drake, sous les couleurs du Barça - sans qu’on sache vraiment pourquoi. Lancée fin 2021 sur TikTok par Brandon Huntley, un Américain de 22 ans moqué pour son style de footeux anglais, puis soudain encensé, la tendance porte un nom, le blokecore, association lexicale du terme typiquement britannique désignant le fan de foot par excellence et de cet agaçant suffixe mis à toutes les sauces par les néologistes du cool.
De quoi réhabiliter les has been d’hier ? Pas vraiment. Car si la trend s’est répandue comme une traînée de poudre sur l’axe Paris-Fashion Week-Hollywood, encore faut-il respecter quelques consignes pour décrocher la carte. D’après son jeune inventeur, le maillot doit être vintage, porté avec un jean ou un jogging et une paire de sneakers évidemment collectors. « Il se porte loose avec des cyclistes ou à l’intérieur d’un pantalon, et pourquoi pas aussi...
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