Doha, quelques minutes avant un match de championnat de la Qatar Stars League. En cette fin d'après-midi d'hiver, il fait encore 20 degrés. Un millier de spectateurs prend place dans les tribunes clairsemées. La rencontre est prévue à la nuit tombée. Les joueurs terminent l'échauffement et rentrent aux vestiaires. La chaîne Alkass diffuse, en direct. À chaque compétition, c'est la même routine.
Chaque ? Non. Dans une salle habilitée à la prière, dans les entrailles du stade, les joueurs de confession musulmane des deux équipes se regroupent. En tenue de foot, ils se tournent ensemble vers La Mecque. Le numéro 6 de l'équipe locale a enfilé une robe longue par-dessus son short pour cacher ses jambes nues. À son côté, le numéro 6 de l'équipe adverse a fait de même. Ils oublient leur rivalité pour vénérer Allah à l'unisson. Pour autant, quand la partie commence, le sport reprend ses droits. Sur le terrain, ils ne se font pas de cadeaux.
La famille Al-Thani dirige le Qatar depuis cinquante ans. Originaire d'Arabie saoudite, elle a fait de l'islam wahhabite, l'un des plus rigoureux, la religion d'État. Elle interdit notamment la danse et le cinéma. C'est pourtant sur cette bande de sable grande comme la Corse qu'est organisé le Mondial 2022, à partir du 21 novembre prochain.
« Les Qataris sont des wahhabites éclairés, explique Christian Chesnot, coauteur avec Georges Malbrunot de Nos très chers Émirs (Michel Lafon, 2016). Ils sont à la fois très pieux et pragmatiques. » Le prince d'Arabie saoudite est le gardien de deux des trois lieux les plus saints de l'islam. L'émir du Qatar, lui, n'a aucune fonction religieuse. Il a pourtant été éduqué par les Frères musulmans, comme certains des plus riches ressortissants du pays. Ils financent des mosquées en Europe ou procurent des armes à...
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