la revue
Le cadeau basque Abonnés
Le 13 mars 2024
La relation France-Espagne est faite de fraternité et de rivalité, de respect et de jalousie, de condescendance et d’admiration. Et puis tout à coup, au milieu de la finale, Luis Arconada…
Le cadeau basque

Depuis le pont de commandement du bateau de pêche Valle de Atxondo, la mer du Golfe de Biscaye est calme. Un peu trop pour début mars. Le capitaine Domeka Solabarrieta devine une forme à l’horizon. Dans ses jumelles, le patrouilleur Lieutenant de vaisseau Lavallée, de la marine française.

Au début des années 1980, les Basques les plus célèbres d’Espagne et de France sont les terroristes d’ETA. Ils se tiennent à distance de la police espagnole dans ce qu’ils appellent l’Iparralde, le Pays basque français. Quant aux pêcheurs basques, ce sont des pirates, pas des terroristes. Leur audace et leur mépris pour le droit de la mer ont forgé leur légende dans tout l’Atlantique. Au point que jusqu’en 2015, en Islande, au nom d’une vielle loi jamais abrogée, on pouvait abattre tout Basque qui s’aventurait sur l’île.

Franco, González et Mitterrand

Le 4 mars 1984, l’Espagne n’est pas encore membre de l’Union européenne. Les marins basques espagnols n’ont pas le droit de pêcher dans les eaux communautaires. Dans la zone, leurs chalutiers tombent fréquemment sur les patrouilleurs français. Rafiots ou marine nationale, personne n’apprécie leurs intrusions.

Ce jour-là, une première, les Français tirent des obus de 100 millimètres sur un navire espagnol. Les pêcheurs blessés finissent à l’hôpital militaire de Lorient. L’un d’eux y perdra une jambe. Le ministre des Affaires étrangères espagnol convoque l’ambassadeur de France. Les deux présidents socialistes, Felipe González et François Mitterrand, décident finalement de regarder ailleurs. Ils ont d’autres préoccupations.

Rock basque en Liga

Vingt ans plus tôt, en 1964, l’Espagne a organisé un Euro. Après avoir éliminé l’Irlande et la Hongrie, la sélection d’une nation qui est encore sous la botte du général Franco affronte en finale la toute-puissante URSS. La dernière dictature fasciste d’Europe contre le berceau du communisme mondial. L’Espagne l’emporte 2-1. Soulagement...

Contenu réservé aux abonnés

76 % de ce contenu restent à découvrir !

Pour le consulter, vous devez vous connecter ou vous abonner.

commentaireCommenter