Je suis à court d’énergie. Je vais bien, mais je sais que je ne peux plus faire ce travail encore et encore et encore.» Le vendredi 26 janvier 2024, Jürgen Klopp annonçait son départ à la fin de la saison dans une vidéo adressée aux supporters et partagée sur les réseaux sociaux du Liverpool FC. La fabuleuse moisson de titres et de trophées accumulés ne compense plus l’usure intense de ses neuf années passées sur le banc d’Anfield. Car entraîner en Premier League est un métier à hauts risques, soumis au stress ultime, plus destructeur qu’ailleurs et surchargé, selon Peter Olusoga, psychologue anglais du sport, sur le site The Conversation, « d’une plombante insécurité de l’emploi génératrice d’incessantes spéculations du grand public, ainsi que des perspectives irréalistes de succès entretenus par les fans ou les médias ».

Telle est la fameuse « bulle intense et dévastatrice » décrite en février dernier pour Le Parisien par Arsène Wenger, extraordinaire survivant d’un bail de vingt-deux ans à Arsenal (1996-2018), et relatée magnifiquement dans L’Enfer du dimanche d’Oliver Stone. Le football anglais s’est alarmé très tôt des dégâts causés par cette bulle dissolvante. À la suite d’une hécatombe accélérée de managers de Premier League, souffrant de graves troubles cardiaques depuis plusieurs saisons (Gérard Houllier, Dario Gradi, Joe Kinnear ou Barry Fry), une étude réalisée en 2005 par le docteur Dorian Dugmore a établi que 44 % des entraîneurs anglais présentaient des risques cardiovasculaires significatifs, dont certains nécessitaient une attention immédiate. D’où le lancement dans la foulée des projets d’accompagnement et de prévention des managers, le Wellness Fit To Manage Program, puis, en 2018, le Mental Health Strategy, plus centré sur les risques de problèmes mentaux.

Le boulet de Bill

« Kloppo » a insisté sur son parfait état de santé, mais la perspective...