Mercredi 3 mai 2023. 22 h 36. Un mail m’annonce le thème du prochain After : les années 1990, décennie faste (et furieuse) du foot français. Mon cerveau saute aussi sec dans sa DeLorean. Pas besoin de Youtube pour revisionner ces coups de tête qui émoustillent encore la mienne – aaah Boli, Kombouaré, Zidane ! Moins encore de scroller Instagram pour me souvenir de ces drôles de gadgets, qui furent la cause de dégaines absolument improbables – dont la mienne, j’avoue. Dans le désordre d’apparition : les bandes d’élasto aux chevilles, le cuissard sous le short, l’écarteur de narines, le bandana peau de léopard du capitaine Jean-Pierre Papin. Et puis ces coupes de cheveux à qui on a consacré des livres pour raconter le foot de ces années-là. La brosse, la « middle-part » de Hugh Grant dans Coup de foudre à Notting Hill, le carré gras de Kurt Cobain. L’une après l’autre, elles furent toutes miennes, je re-avoue.
Les archives de ce monde capillaire disparu ont ceci de précieux qu’elles nous fournissent de formidables indices, seuls capables de nous en dire un peu plus sur l’homme sous la tunique du footballeur d’antan, sur sa personnalité. Jouez au profiler à l’aune d’un simple cheveu, vous découvrirez qui de l’un ou de l’autre était patron militaire rameutant les troupes, gendre idéal sous sa férule ou rebelle extravagant s’affranchissant de l’ordre. Sinon ? Rien. Le (life)style des footballeurs ne disait rien d’eux. Non qu’ils n’en eussent pas, mais parce qu’ils ne l’exposaient pas, en ce temps-là. On ne savait rien de leurs passions vestimentaires, qui, aujourd’hui, alimentent autant les conversations que leurs comptes en banque déjà dodus.
Au début des années 1990, le foot et la mode s’ignorent superbement. La seconde, industrie chichiteuse, toise ces beaufs supportés par des gueulards buveurs de...
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