Sorti en décembre 1983, ce monument du sportswear déclenche une révolution de style : pour la toute première fois, le football va définir une allure et jouer les prescripteurs. C’est nouveau. Le tennis (depuis René Lacoste, puis Stan Smith) ou le basket-ball (avec Converse et bientôt Michael Jordan) inspirent déjà la mode populaire, mais le vestiaire foot n’est encore jamais passé du stade à la rue. La faute à son équipement, inadapté à la vie de tous les jours – on n’aurait pas idée d’aller danser en moulées –, et à un potentiel marketing mollement exploité hors du pré. Toisé par la fashion, qui se gausse de ces beaufs mal gaulés, las et sans armes, le foot a laissé ça à d’autres.
Qu’a donc de disruptif ce jogging à 600 francs fabriqué par Ventex, l’usine filiale d’Adidas implantée près de Troyes, dans l’Aube ? Pourquoi fait-il soudainement du prof de gym, qui le porte avec un polo Ivan Lendl, le dandy du bahut ? Pourquoi sa veste, surtout, atterrit-elle sans discernement de classe sur le dos des loulous en Levi’s-baskets comme sur les épaules des étudiants, qui la portent par-dessus un pull col cheminée et un chino New Man ? Pourquoi plaît-il aux ringards du Macumba, tout à coup bath, et aux primo rappeurs période H.I.P.H.O.P. ?
Le Challenger agrège une foule de détails qui tuent : l’empiècement des trois bandes aux épaules, le col en bord-côtes, le bleu marine tenue de soirée, le zip sur le mollet qui, en un Éclair, fait d’un bas de survêt’ un pantalon carotte ou un patte d’éph’. Et puis, il y a sa matière ! Les jogs d’alors sont en acrylique, ce synthétique du diable qui fait suinter en hiver comme en été. Cet élégant, lui, est en peau de pêche, mélange de...
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