Juin dernier, sur un plateau télé. « Alors Vikash ? Australie ou Pérou pour ce barrage qui enverra le vainqueur au Qatar ? » Mou, désinvolte, Dhorasoo tranche : « Pérou. Parce que j’ai envie de voir leur beau maillot. C’est aussi ça, la magie de la Coupe du monde, nan ? » Ses p’tits collègues lèvent les yeux au ciel, en mode « quel expert ! On lui parle foot, il nous répond chiffon, ce bobo. » Les lourds…
J’ai une dent contre l’ancien joueur du PSG, qui, dans le passé, m’a planté deux interviews et coincé à une table de poker, mais là, je suis on ne peut plus d’accord avec lui. Parce que le foot, ce n’est pas que le jeu, la tactique, les datas, le résultat, c’est aussi le décorum, et donc les habits de lumière. Et parce que le maillot d’une sélection dit beaucoup de son âme et de son identité, voire de son destin, surtout en Coupe du monde.
En 1990, le maillot « Bauhaus » de la RFA racontait son style de jeu carré, pas sexy mais diablement efficace. Le tissu bariolé des États-Unis, en 1994, disait tout de l’esprit maverick d’une sélection foutraque qui a su croire en ses étoiles. Le maillot des Bleus 98, petit frère de celui des Bleus de l’Euro 84, les prédestinait à la victoire. Jusqu’à il y a vingt ans, un maillot brossait le portrait d’une équipe, avec son particularisme. D’une génération. D’un pays. C’était un repère sur l’échelle de l’histoire du foot.
Plus rien de tout cela n’est vrai en 2022. Le maillot d’une équipe nationale ne raconte plus rien. Il n’est plus ni beau ni moche. Ni fondamentalement décevant ni follement enthousiasmant. Ni ceci ni cela. Il est neutre, fade, sans parti pris. Macronien. Devenus...
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