Depuis début janvier au chevet des pros de l’OGC Nice, le jeune coach de 36 ans a tout de suite marqué les esprits (et des points) avec un style de jeu attrayant, une com sans faux-semblant et sa dégaine de hipster, a priori plus compatible avec le FC Canal Saint-Martin qu’avec le club azuréen. Un hoodie beige et une barbe bien taillée suffisent-ils à relancer une équipe ? Évidemment que non. Mais est-ce que ça compte un peu, quand même ? Bien sûr que oui. Coup de fil à l’ami Pierre Bouby, ex-baroudeur de Ligue 2 (Évian, Metz, Nîmes, Auxerre) : C’est devenu un métier d’image, donc ça joue, forcément. Mais pas besoin de faire le beau : le message d’un coach ne passe pas mieux auprès de ses joueurs parce qu’il porte un costume plutôt qu’un survêt. À Nîmes, Victor Zvunka traînait tout le temps en claquettes. Zéro style. Il n’en était pas moins respecté. Le look d’un entraîneur doit refléter sa personnalité. S’il triche, s’il se déguise, c’est mort, il n’est plus crédible.

Soit. Mais le si jeune entraîneur qu’est Digard ne prend-il pas le risque d’une trop grande proximité avec ses troupes en se sapant comme elles ? Dans un monde où le rapport hiérarchique est aussi mesuré à l’aune des vêtements que l’on porte, ne devrait-il pas opter pour un style plus solennel, maintenir la distance nécessaire entre un manager et un employé ? Non. L’ère des misters en costard à la Ancelotti est bientôt révolue. Les ressources humaines ont de nouvelles méthodes pour asseoir l’autorité. Proche de son vestiaire par le verbe et le style vestimentaire, Digard n’y met jamais les pieds durant la semaine. C’est le territoire des joueurs, pas le sien. Il ne porte son triptyque hoodie-chino-sneakers devant ses joueurs que les jours...