Ça boit, ça braille. You’ll Never Walk Alone résonne fort dans ce quartier pépère. Anfield au pied de l’immeuble. Cool. Les commerçants s’inquiètent. « On n’a pas été prévenu, merci la mairie, râle le primeur. J’espère qu’ils vont pas nous foutre le bordel. » Les vieux clichés ont la vie dure. Je tente de lui expliquer qu’un supporter n’est pas un voyou, qu’un Ultra n’est pas un hooligan et que si cette frénésie matinale est inhabituelle pour nous, eux s’enjaillent tous les week-ends et savent très bien se tenir. Exaltés et braillards, oui. Un peu bas du front, certes. Mais la plupart du temps polis et respectueux. Relax.
« Tu dis ça, mais quand c’est l’équipe de France, t’es à deux doigts de retourner l’appart ! Tu hurles même sur les joueurs, comme s’ils pouvaient t’entendre », tacle ma nana – gentiment, ça joue ! J’avoue. Et encore, je suis un enfant de chœur à côté de mon beau-père italien, un gentleman placide qui se transforme en boule de nerfs incontrôlable devant les matchs de la Squadra Azzurra et qui va jusqu’à balancer sa claquette sur la télé (véridique) quand cet « imbecille » de Marco Verratti joue à la baballe dans sa surface de réparation.
Je suis un moine tibétain comparé à ce grand patron français (Pierre G), ancien président d’un club de Ligue 1 cartésien et austère, qui me confia un jour « dévisser et frôler l’AVC » tous les samedis soir. « Je gère des milliers d’employés et des millions d’euros sans jamais perdre mon sang-froid, mais le foot, ça me fait perdre le sens commun. Les gens ne peuvent pas comprendre… » Moi, si. Un supporter calme et serein n’en est pas un. Car supporter, c’est s’emporter. C’est être insupportable, déraisonnable – et parfois grossier, oui,...
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