À Doncaster, le nom de Ken Richardson est tabou. Avant lui, cette ville champêtre de 300 000 habitants, au nord de l’Angleterre, avait bonne réputation. Elle était surtout connue pour avoir abrité la première usine de l’ours Paddington et pour son hippodrome du XVIe siècle, où se déroule encore The Doncaster Racecourse, l’une des plus célèbres et anciennes courses hippiques du royaume. Les notables locaux s’y pavanent dans les gradins avec des chapeaux disproportionnés. Le Roi Charles et la reine Camilla eux-mêmes y ont assisté en septembre dernier. Mais qui dit courses hippiques, dit paris. Et voyous.
Arnaques, crimes et courses hippiques
Pour comprendre l’histoire folle de cet ancien homme d’affaires et de Doncaster, il faut remonter à 1992, un an avant qu’il prenne la tête du club de foot local, année de naissance de la Premier League. Sous l’impulsion du Big Five de l’époque (Arsenal, Manchester United, Tottenham, Liverpool et Everton), les clubs anglais créent une nouvelle compétition domestique, où ils ont les pleins pouvoirs, notamment de négocier les droits TV à la hausse et de partager le pot comme bon leur semble. L’explosion des revenus à venir, alliée à l’assainissement des tribunes, crée un terrain fertile pour de nouveaux investisseurs, d’abord anglais, avant l’arrivée massive de fonds étrangers. C’est dans ce contexte que des barons locaux, riches mais pas ultra-riches, tentent leur (ultime) chance : racheter des clubs de division inférieure, avec l’espoir de toucher rapidement le jackpot de la Premier League.
Ken Richardson est l’un d’eux. Il ne connaît pas grand-chose au foot. Son truc à lui ? Les canassons. Après avoir fait fortune dans le recyclage de papier, l’homme au chapeau Trilby en tweed et à l’imperméable soyeux passe ses week-ends à l’hippodrome de Doncaster. Pour parier (gros, très gros) ou voir courir ses chevaux. Dans...
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