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Jouir sans entrave Abonnés
Le 24 juillet 2024
Les champions sont des chauds lapins. Parce que le sexe est la dernière chose qu’ils ont encore le droit de pratiquer en toute liberté.
Jouir sans entrave

C’était il y a dix ans, à une heure très idiote de la nuit. Le champagne avait délié les langues et les esprits. Mes deux compagnons de bordée, médaillés d’or olympique, enquillaient les pintes et les anecdotes à étouffer de rire. Et notre complicité, de longue date, était suffisamment solide pour que j’ose poser le sujet sur le zinc. Pourquoi tant de grands champions sont-ils des chauds lapins ? Et, puisque j’en avais été le témoin en off, pour quelle raison les conversations avec eux finissaient-elles si souvent par la bagatelle, dans le plus grand calme, comme ce jour où un copain, vice-champion du monde de rugby, demanda des nouvelles de ma vie sexuelle – « Et sinon, ça va, le cul ? » – sur le même ton qu’il avait eu, dix minutes plus tôt, pour prendre des nouvelles de ma santé, de mes gosses ou de mon boulot ?

« Parce qu’il ne nous reste plus que la baise pour profiter de la vie », me répondit l’un, saoul et un peu triste. « Vrai. Quand tu regardes bien, hormis le sexe, tous les autres kiffs nous sont quasiment interdits », prolongea l’autre, avant que tous deux me fassent la liste de ces envies défendues au commun des immortels – en tout cas à ceux qui visent (très) haut. L’alcool et la bamboche ? Après la victoire, et encore, seulement si elle est vraiment exceptionnelle. La coke ? La fumette ? Éliminatoires, illégales, dangereuses, trop risquées, même pas en rêve. La bouffe ? Une torture, souvent, malgré les cheat meals autorisés, qui n’ont rien de très borderline, sachant qu’ils doivent réguler le niveau de cortisol d’un athlète, donc juguler son stress, donc améliorer sa performance. Ça rappelle cruellement le boulot.

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