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Joseph-Antoine Bell : «Il faut dire la vérité aux Africains» Abonnés
Le 10 janvier 2024
Double vainqueur de la CAN, consultant RFI sur la CAN depuis 1998, Joseph-Antoine Bell a été de toutes les aventures du football français, camerounais, africain. Éloquent, précis, sans pour autant négliger l’audace et la vérité, le Joseph-Antoine des interviews est un peu le même que celui des terrains.
Joseph-Antoine Bell : «Il faut dire la vérité aux Africains»

Joseph-Antoine, la CAN tu l’as gagnée deux fois, en 1984 et en 1988. Comment as-tu vécu ces deux succès ?

 Joseph-Antoine Bell  : La victoire de 1984 a réconcilié définitivement les Lions indomptables avec le public, qui avait gardé un mauvais souvenir de la CAN de 1972, perdue à domicile (le Cameroun avait fini troisième, ndlr), et qui en voulait aux joueurs. Depuis, les Lions subissaient les quolibets du peuple camerounais. Avec la victoire à la CAN 84, en Côte d’Ivoire, on a montré au peuple qu’on n’était pas plus cons que d’autres et ça nous a procuré une joie immense. En 1988, c’était différent. En Afrique, le Cameroun dominait avec ses clubs, les Lions avaient été brillants à la Coupe du monde 1982, champions d’Afrique 84 et finalistes de la CAN 86. Ce deuxième trophée avait été magnifique pour les nouveaux, ceux qui gagnaient pour la première fois. Pour moi et les anciens, comme Roger Milla, c’était la satisfaction de confirmer à nouveau au plus haut niveau et à l’extérieur, au Maroc.


Jusqu’aux années 1980, il y avait beaucoup de préjugés négatifs sur les gardiens de but noirs en France…

 Joseph-Antoine Bell  : Oui. Dans les années 1970, en France, tout le monde croyait qu’un gardien noir ne pouvait pas être bon. À la fin des années 1970, je suis venu étudier en France et m’entraîner au Racing Club de France avec Jean-Michel Larqué. Je cherchais à jouer dans un club de D3, histoire de m’aider, entre autres, à payer mes études. Mais à Paris et alentour, Racing CF, Paris FC, Stade français, Red Star, aucun club ne s’est intéressé à moi. Au Racing, Jean-Michel Larqué finissait sa carrière pro : il a été mon seul soutien. L’entraîneur du Racing de l’époque, Jean-Marie Lawniczak, m’a même dit : «...

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