la revue
Je dépense donc je suis Abonnés
Le 18 septembre 2024
La commission d’enquête sénatoriale sur la financiarisation du football nous a permis d’y voir clair dans les grands bouleversements de notre sport. Enfin, ça dépend qui.
Je dépense donc je suis

Le football ne nous apprend pas à voir. On passe des heures, des jours, des vies entières à regarder des hommes jouer, jamais gouverner. Alors, quand l’occasion est donnée au citoyen-internaute de se faufiler au premier rang des discussions de cuisine, les yeux s’ouvrent, pour la première fois. Ces visages qu’on voit dans tous nos journaux se sont succédé à la table de la Commission d’enquête sénatoriale, ouverte le 4 avril dernier. Valdano a raison, personne ne se fait floquer un maillot au nom d’un président de club. Même si, avouons-le, certains mériteraient un ou deux fumigènes en leur honneur. Car au fond, on les aime bien, ces hommes qui dépensent des fortunes pour nous faire plaisir. Parfois, on a même l’impression d’avoir du pouvoir sur eux. Ils nous flattent, nous écoutent, se montrent prévenants à notre égard. Et un beau jour, ils sont convoqués dans le bureau des sénateurs Lafon et Savin. On s’installe devant la télé. Mais de quel côté du jury s’asseoir ?

Blazer à boutons dorés, col italien, pochette

Le 26 juin dernier, c’était le tour de Waldemar Kita et Laurent Nicollin. Présidents de deux institutions de Ligue 1, le FC Nantes et Montpellier, les deux hommes n’ont pas grand-chose d’autre en commun. L’un, Polaco-Parisien spécialisé dans la chirurgie esthétique. L’autre héritier-éboueur du sud de la France, spécialisé dans les déchets des autres. Il n’est pas sûr qu’ils se soient jamais croisés en dehors d’une tribune présidentielle. Pourtant, miracle du football, ils sont les passagers d’un même naufrage.

L’audition à peine commencée, Laurent Nicollin, costume noir, cravate noire, lunette à monture noire sur cheveux poivre et sel, hausse les épaules. Il est déjà sous l’eau. « Plus ça va, plus je suis en décalage, ça me dépasse. » Plus charmeur, plus bronzé, blazer à boutons dorés,...

Contenu réservé aux abonnés

77 % de ce contenu restent à découvrir !

Pour le consulter, vous devez vous connecter ou vous abonner.

commentaireCommenter