On joue la 85e minute de Naples-Juventus, le 3 mars dernier. Le score est de 1-1. Osimhen est bousculé dans la surface turinoise. L’arbitre, M. Mariani, laisse jouer. Mais après avoir fait appel de la VAR et consulté l’écran, il accorde un penalty. D’un geste des deux mains qui se heurtent, il mime le contact coupable des défenseurs avec le Nigérian. Les Juventini ne protestent pas. Le public a vu le geste. Clair et net. Alors, pourquoi vouloir sonoriser les explications, les justifications, en fait, des arbitres ?

Le 22 février 2024, la FIFA a autorisé le football français à l’expérimenter, uniquement pour « l’explication de la décision prise par l’arbitre dans le cadre de l’appel à la VAR », le micro restant coupé le reste de la partie. Bienvenue à la Star’Ac ! Les arbitres vont s’exposer en son et lumière, alors que c’est leur effacement qui garantit leur excellence. Un arbitre invisible, c’est un match réussi : Pierluigi Collina avait ainsi le don d’être partout à la fois, sans qu’on le remarque.

Les temps du dialogue

Ce sont les problèmes liés à la VAR qui ont motivé la FFF. La vidéo a pourtant corrigé 74 % des erreurs manifestes et l’objectif zéro erreur est impossible. Tous les acteurs du football doivent l’accepter. Les reportages en live de beIN Sports pendant les matchs de L1, avec échanges sonorisés entre arbitres et joueurs, montrent que le dialogue est permanent et que, lors des interruptions de la VAR, les joueurs reçoivent les explications qu’ils réclament. Or, le temps de ce dialogue n’est pas le temps du « dialogue » sonorisé entre l’arbitre et le public. Dans ce dernier cas, on entre dans une autre dimension spatio-temporelle où, littéralement, on sort du match.

Transposer cette pratique du rugby dans le foot, c’est...