Fainéant », « immature », comme d’autres, ces adjectifs ont accompagné la sortie médiatique d’Eden Hazard, après qu’il a raconté dans France Football sa vie de footballeur bon vivant. Moi, je l’ai trouvé profondément humain et respectueux. Toujours amoureux d’un football qui a guidé son enfance et son adolescence. Un jeu plus qu’un sport : pour les défenseurs du sacro-saint professionnalisme évalué à la seule lumière de la capacité à se buter au boulot, cette vision enfantine est insupportable.

Hazard n’est pas du genre à faire semblant. Ni à faire 8-20h dans un open space pour ne travailler effectivement qu’une heure sur quatre. Pas du genre, non plus, à se doper aux posts LinkedIn « inspirants », plutôt aux vidéos de chiens qui glissent dans une piscine. Hazard a cultivé sa conception du foot. Il préférait l’amour du dribble et la relation avec ses partenaires aux tours de terrain et aux séances d’abdos. Dans un football de plus en plus robotisé, il a fait germer l’humain. Un brin d’herbe coincé entre deux plaques de béton.

Devoir d’exemplarité ?

On ne peut pas être joueur de haut niveau pendant une douzaine d’années sans sacrifices, évidemment. Et comme tous les footballeurs, Hazard en a fait, bien sûr. Mais sans mettre sa vie entre parenthèses, comme c’est désormais ce qu’on attend d’un footballeur, voire ce qu’on lui réclame, et c’est pire. « Il gagne beaucoup d’argent. Il ne devrait penser que football, musculation, récupération », voilà le discours qui infuse dans notre société. On exige de jeunes joueurs devenus riches d’être des modèles de professionnalisme. Pas vraiment le signe d’un monde en bonne santé. Quelle est la jauge ? Qui est riche, qui est pauvre ? Où est la limite entre devoir d’exemplarité et aliénation ? Sortons toutes les fiches de paye et...