Hannibal Mejbri est un jeune joueur de dix-huit ans. Né à Ivry-sur-Seine, il a rejoint à dix-sept ans les équipes de jeunes de Manchester United. Avant de partir en Angleterre, il avait fréquenté le Centre technique national de Clairefontaine. Il a porté le maillot bleu avec les U16 et U17. En mai 2021, il a joué son premier match avec les pros à Manchester. En conférence de presse, Mejbri a annoncé qu’il renonçait à l’équipe de France au profit de la Tunisie, le pays de ses parents. Il a justifié son choix en disant que, pour eux, c’était comme un cadeau. Très fière, sa maman a approuvé : « C’est son cœur qui a parlé. »
Loin de moi l’idée de sonder les cœurs, mais la fierté du maillot a évolué. Pour les parents de Raymond Kopa, Michel Platini, Luis Fernandez ou Zinedine Zidane, la fierté, c’était que leur fils revête le maillot bleu. C’était la preuve de leur assimilation, a minima d’une intégration réussie.
Repli sur soi
Les mentalités ont changé. L’identité est devenue un concept mouvant. Les politiques de promotion de la diversité, la vaine lutte contre le communautarisme ont fait reculer l’idée d’appartenance à la nation. Se sentir français ? Pour quoi faire ? La mondialisation nous a placés sur le chemin de la société multiculturelle. Une société qui, paraît-il, promet de bien « vivre ensemble ». Elle semble pourtant ne déboucher, au contraire, que sur le morcellement et le repli sur soi.
Personne ne connaît Hannibal Mejbri. Il n’est pour l’instant qu’un symptôme, l’expression d’une tendance. Le morcellement de la société française a accouché d’un « archipel français », comme l’a baptisé le politologue Jérôme Fourquet. Sur l’une de ses îles vivent les joueurs de foot. Leur extraction sociale commune a produit une forme de ghettoïsation....
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