Défenseur central de l’Atlético de Madrid pendant une décennie, Jorge Griffa a terminé sa carrière là où il l’avait commencée, au Newell’s Old Boys de Rosario. C’est là qu’il s’est découvert une nouvelle vocation, entraîneur des jeunes. Ou plutôt, professeur de football et de vie. Si l’épaisseur d’un maître se mesure à la qualité de ses disciples, en voici quelques-uns : Ricardo Giusti (champion du monde 1986), Américo Gallego (champion du monde 1978), Batistuta, Samuel, Heinze, Pochettino, Martino, Tévez, Gago, Banega, Berizzo, Scaloni… Sans compter Marcelo Bielsa, gloire de Newell’s qu’il a formé à son image, comme entraîneur et comme homme.
Quand Griffa est arrivé comme formateur à Newell’s, j’étais encore adolescent. Sa présence imposait le respect et sa passion le professionnalisme. Il débordait d’énergie à l’heure de transmettre son savoir et sa mentalité de compétiteur. Un jour, je lui ai demandé s’il y avait un défaut incurable pour un footballeur. Il m’a répondu, comme s’il parlait du diable en personne, « l’indolence ».
Jamais complaisant, il nous reprenait sans détour. Malheur à qui s’y frottait. Cette anecdote, pour parler de sa sincérité. L’un de ses anciens élèves a fait carrière dans le football, au point d’évoluer dans de grandes équipes. Robuste et appliqué, ce joueur était souvent plus important pour son équipe quand elle n’avait pas le ballon. À chaque fois qu’il changeait de club, Griffa lui passait un coup de fil pour le féliciter. Mais juste avant de raccrocher, il terminait par ce même conseil : «Rappelez-vous que vous ne savez pas jouer au football. » Son devoir, considérait-il, était d’accompagner les produits d’exportation toute leur vie. Avec la vérité en bandoulière.
Parce qu’il accordait une importance vitale à la qualité humaine et au sens de l’appartenance, son discours était celui des valeurs. Respecter le club jusque dans...
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