Pas une seule fois ma conscience ne m’a traité de salaud. » Bernard Tapie dans le texte, le 28 février 2017. Pour beaucoup, il incarne la magouille et la triche à la marseillaise. Mais pour tout un peuple, il est à jamais le Boss. Le jour de sa disparition, le 3 octobre 2021, tout Marseille l’a pleuré, lui qui a fait de la ville la capitale de la France du football et une place qui compte sur la carte de l’Europe. Entre ombres et lumière, comprendre Tapie, le titi parisien devenu roi de la Canebière, c’est, plus que Marseille, comprendre une époque qui a révolutionné le football français, pour le meilleur comme pour le pire.
Roi du chaos
Issu d’un milieu modeste, le jeune Bernard a toujours vu les choses en grand. Acteur raté, entrepreneur bancal condamné plusieurs fois pour publicité mensongère et autres procédés borderline, Tapie vit d’abord au rythme des échecs et de réussites anecdotiques. La crise économique de 1975, puis la grande récession de 1980 sont deux tournants. Fragilisées par une inflation à deux chiffres et un contexte mondial morose, les entreprises françaises mettent l’une après l’autre la clé sous la porte. Tapie sent le bon coup. Il se spécialise dans le rachat d’entreprise en difficulté. Testut, La Vie Claire, Terraillon, Look… son portefeuille d’acquisitions grossit. Mais, après avoir tenté de relancer l’économie en appliquant le programme de la gauche, le gouvernement Mauroy est en échec, notamment plombé par les dévaluations successives du franc. Le 21 mars 1983, il prend un virage à 180 degrés. C’est le « tournant de la rigueur », exigé par Mitterrand. Ça change la donne. L’État se désengage massivement, l’heure est à la libéralisation, à la mondialisation et à la dérégulation des marchés financiers. La compétitivité des entreprises françaises est restaurée.
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