Ce 23 mars 2023, Lionel Messi accomplit son plus grand rêve : à 35 ans, la Pulga soulève la Coupe du monde en Argentine, sur le rond central de l’Estadio Monumental. Les 84 000 spectateurs chavirent de bonheur. Quelques secondes plus tard, ils chantent, en chœur avec leur numéro dix : « Scaloooni ! Scaloooni ! » D’abord un peu gêné par l’hommage, l’entraîneur de 44 ans, en polo et jogging de la sélection, ne peut contenir son émotion. « Je n’aurais jamais imaginé connaître une telle reconnaissance dans ma vie », dit-il au micro, entre deux sanglots et remerciements à ses joueurs. En tribune de presse, les observateurs les plus honnêtes l’admettent : eux non plus n’imaginaient pas vivre cette scène quatre ans auparavant.

Un intérim qui dure

Qui croyait en lui, ancien international passé par le Deportivo la Corogne et la Lazio, quand il a pris les rênes de la sélection, après une frappe de bâtard de Benjamin Pavard ? Il n’avait entraîné que le club de son fils, des gamins de 14 ans sur l’île de Majorque, où il vit avec sa compagne espagnole et ses deux enfants. Il ne devait être qu’un intérimaire, avait été choisi parce qu’il était là, en charge des U20, diplômé et rescapé du staff de Sampaoli, pour qui il analysait les adversaires. La vérité, c’est qu’aucun coach de renom, ni Simeone, ni Pochettino, ni Gallardo, n’avait le courage de prendre la barre du navire albiceleste en perdition.

Aujourd’hui, après avoir longtemps supporté les critiques sur son manque d’expérience, inédit à ce poste, le voilà contre toute attente au Panthéon des sélectionneurs argentins, champion du monde aux côtés des maîtres César Luis Menotti, amoureux du jeu sacralisé en 1978, et Carlos Bilardo, obsédé par le résultat, derrière Maradona en 1986. Moins idéologue,...