Tout commence à Zurich, le 2 décembre 2010. Ce jour-là, les 21e et 22e Coupes du monde de football sont respectivement attribuées à la Russie, par treize voix contre neuf – réparties entre les candidatures d’Espagne-Portugal, de Belgique-Pays-Bas et de l’Angleterre – et au Qatar, par quatorze voix contre huit aux États-Unis. Des rumeurs de corruption circulent très vite, mais c’est à Paris que naît le Qatargate, fin janvier 2013, quand le journal France Football révèle qu’une réunion s’est tenue à l’Élysée le 23 novembre 2010, entre le président de la République, Nicolas Sarkozy, celui de l’UEFA, Michel Platini, et l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani. Le vote de Michel Platini, alors membre du Comité exécutif de la FIFA, aurait changé à l’issue de cette rencontre. Mise sous pression par les États-Unis, l’administration de Sepp Blatter cherche à désamorcer ce qui n’est pas encore le FIFAgate. Elle diligente une enquête, confiée à Michael Garcia, ex-procureur… américain. Un an plus tard, malgré de nombreuses zones d’ombre, son rapport, finalement rédigé par son adjoint, le Suisse Cornel Borbély, blanchit officiellement le comité de candidature russe. La pression ne retombe toujours pas. Elle atteint son climax en 2015, quand le FBI intervient sur le territoire suisse, juste avant la réélection de Sepp Blatter. Le 8 octobre, la Commission d’éthique de la FIFA suspend le dirigeant helvète de toute activité dans le football.
Un Qatargate, vraiment ?
On peut regretter que la désignation des pays hôtes des tournois de 2018 et 2022 ait été entachée, au mieux de suspicion, au pire de corruption, mais force est de constater que ni la Russie ni le Qatar ne sont des pionniers en la matière. Pour obtenir l’organisation de la Coupe du monde 2006, l’Allemagne aurait pioché dans une caisse noire pour acheter des voix,...
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