Je suis un privilégié, mais uniquement par la volonté de Dieu. Dieu me fait bien jouer, parce qu'il m'a fait naître avec une habileté divine. C'est pour ça que je me signe en entrant sur le terrain. Si je ne le faisais pas, ce serait comme si je le trahissais. » Diego dans le texte. Qui se signait huit fois exactement avant de fouler la pelouse. Rendre grâce à Dieu en se soumettant humblement à sa volonté n'a pas empêché Maradona d'être lui-même un dieu. Par une subtile contraction de diez (dix en espagnol) et de dios (Dieu), il a revendiqué sa dimension divine, sous l'appellation contrôlée de D10S. Un truc de dingue. Mais qui s'explique en partie : « En Argentine, malgré un recul généralisé de la religion dans les grandes villes, la foi catholique reste très présente dans les provinces, comme Corrientes, dont vient la famille Maradona, rappelle Alejandro Valente, chef franco-argentin du service des sports de RFI. L'Argentin est en général assez superstitieux, à l'image des footballeurs. Il croit aux miracles et aux interventions divines – et Diego Maradona pouvait penser, en effet, que ses dons exceptionnels en étaient la manifestation évidente. Les provinces argentines regorgent de sanctuaires où on a signalé des miracles. Chaque année, des millions d'Argentins vont en pèlerinage à Luján ou célèbrent des figures populaires sanctifiées, comme la Difunta Correa dans la province de San Juan ou le Gauchito Gil dans celle de Corrientes. » Dans ce contexte de grand mysticisme, très latino-américain, tout était réuni pour que le Pibe de Oro soit à son tour sanctifié dans son pays.
Le dieu cathodique
L'Annonciation du divin enfant survient quand, à 12 ans, il passe pour la première fois de sa vie à la télévision argentine. Ses feintes miraculeuses et ses buts tombés du...
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