Je vous parle d’un temps que les moins de trente, voire quarante ans ne peuvent pas connaître. D’un temps où une radio démarrait ses émissions de foot à minuit pile et les terminait… quand les présentateurs voulaient bien lâcher le micro. C’est la fin des années 1980, l’Espagne a fait son entrée dans l’UE, Franco est un souvenir récent, mais un souvenir tout de même, la movida s’essouffle et se caricature, la « Quinta del buitre » madrilène de Butragueño domine le championnat et Cruyff commence à composer sa dream team.
Sur les ondes, un homme écrase la concurrence, de tout son poids : chaque soir, sur Antena 3 Radio, José María García fait trembler les puissants. Il attaque les joueurs, les présidents, les ministres même, et dit détenir la vérité. Ce vieux briscard est un spectacle à lui tout seul. Il n’a besoin de personne, pas même de collaborateurs, forcément moins bons que lui. Il est colérique, impatient, tatillon, impressionnant. Son pouvoir est tel que le contrat de Hugo Sánchez avec le Real Madrid est signé dans son bureau, que l’entraîneur de Valladolid, Vicente Cantatore, est viré en direct à son micro. Le nom de l’émission dit tout : Super García. Son générique, Love Song, des Simple Minds, électrise dès la première seconde. Son « saludos cordiales », lancé à minuit, est sa signature. Cordiales salutations. C’est désuet, mais ça fait son effet.
La cible favorite de García n’est ni un club, ni un joueur, ni un président, mais un groupe de communication, le groupe Prisa, propriétaire de la SER, qu’il a en horreur. Lorsque « l’empire SER », comme il le surnomme, rachète Antena 3, García ne peut rester. En 1992, il fait ses bagages et emmène ses auditeurs sur la radio de l’Église, la COPE. Pour sa...
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