Le 21 mai dernier, tu démarres ton intervention devant le Sénat par un rappel historique : en 2004, la LFP attend 500 millions d’euros de droits TV, Canal+ met 600 millions sur la table. Vingt ans plus tard, la Ligue espère le milliard… et touche 400 millions. Le football français a-t-il régressé dans les mêmes proportions ?

Christophe : Grâce à l’Euro, ses infrastructures ont progressé. Mais il reposait sur deux piliers, les droits TV domestiques et les transferts. Or, la conjugaison de plusieurs facteurs, la pandémie, l’absence de stratégie de la Ligue depuis vingt ans, ont fait que le football français a beaucoup chuté depuis quatre ans par rapport aux autres championnats.

Pourquoi cette absence de stratégie ?

Christophe : La bonne question est la suivante : que veut la France pour son football professionnel ? On accuse les présidents de tous les maux, ils ont leur part de responsabilité, indéniablement. Mais le problème est plus global. En Espagne, il y a une volonté de développer le sport professionnel au bénéfice de l’État espagnol : la moto, le tennis, le football, le basket, le handball. En France, le sport est le parent pauvre des politiques publiques – les JO de Paris mis à part. Les politiques se disent « les footballeurs sont déjà trop riches, qu’ils se débrouillent ». Les gémissements du sport professionnel sur les questions fiscales, par exemple, sont peu audibles. On est dans un pays qui a refusé que le sport professionnel soit un facteur économique d’attractivité.

On a l’impression que pour les présidents de club, le football est un dû. Un peu comme s’ils levaient un impôt sur le public…

Christophe : Les présidents ont toujours pensé que Canal+ avait impérativement besoin d’eux. C’est une grave erreur. Le football professionnel fait partie du monde du...