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C’est la lutte finale Abonnés
Le 15 mai 2024
En décembre 1991, l’URSS s’effondre et plusieurs clubs mythiques du football européen disparaissent. Quelques semaines plus tard, naît la Premier League. Et si le football avait pris la place du communisme ?
C’est la lutte finale

L’image est restée, figée dans un autre temps : une tasse de thé, un rideau rouge et un papier peint façon café Grand’mère. Un décorum de salle à manger qui contraste avec les argenteries habituelles des palais. Mikhaïl Gorbatchev, fébrile comme un écolier appelé au tableau, lit sa lettre de démission. On est le 25 décembre 1991 et le président de l’URSS transmet les pleins pouvoirs à son rival, Boris Elstine. Le bloc de l’Est s’effondre. L’URSS se meurt.

Huit semaines plus tard, un autre parfum de révolution souffle sur l’Europe. Les 22 clubs du championnat anglais se sont mis d’accord pour fonder une nouvelle compétition avant-gardiste, la Premier League. Dans la foulée, les droits TV s’envolent. Les hooligans ont été chassés des stades, the show must go on. La Premier League s’impose comme une nouvelle utopie collective. Globale, mondiale, spectaculaire.

Zéniths sur l’autoroute

Fini la Farmer League, les entraîneurs en survêt’ Umbro, les pelouses grasses. Place à Beckham et aux footballeurs fashion-week. La Premier League entre dans l’ère du bien manger et du free sugar. La diététique est contrôlée par des managers omnipotents, comme Alex Ferguson. Les stades se transforment en zéniths posés sur une bretelle d’autoroute. Propriétaires de médias comme présidents de clubs sont galvanisés par une ambition : faire du football anglais la nouvelle narration du monde, la bande-son du XXIe siècle.

Depuis l’effondrement du bloc soviétique, l’heure est à la gestion économique, sans couleur ni théorie politique. La fin de l’histoire, prédit l’historien Francis Fukuyama. Thatcher a passé la main en Grande Bretagne, Mitterrand adopté le tournant de la rigueur. Le football suit. Sans adversaire idéologique, les barrières du péage se lèvent, les réformes s’enchaînent : nouvelle formule de la Coupe des clubs champions (1992), arrêt Bosman (1995), réforme du statut d’agent (2015), projet de Super...

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